Patrimoine en péril… Tourisme en danger !

Cela faisait bien longtemps que je n’avais pas pris le temps décrire une tribune sur l’actualité. Mais il est des moments où le silence que l’on s’impose après avoir rendu sa carte de tout parti politique devient trop pesant… surtout quand c’est le patrimoine de notre pays, celui qui nous entoure au quotidien, qui est en grand péril. Je sors donc de ma réserve pour pousser un coup de gueule.

Certes, certains gauchos du gouvernement, amateurs de la culture dite « auto-gérée » de leurs amis anarcho-fachistes, ne s’en émeuvent pas, mais le patrimoine culturel de notre pays n’a jamais été autant en péril que ces trois dernières années, du fait des coupes sombres (par pure mesures comptables) faites dans le budget du Ministère de la Culture. Ces amateurs de jongleurs et de cracheurs de feu, fumeurs de joints, se moquent bien de sauver les châteaux, églises et musées, que ces incultes attribuent volontiers à la caste des bourgeois qu’ils ont en horreur… Mais ce patrimoine est l’héritage de tous et il ne doit pas disparaître.

Car oui, ces bijoux du patrimoine français qui font sa force culturelle et touristiques souffrent cruellement du manque de moyens qui leur sont alloués. Propriétaires publics comme privées rivalisent d’ingéniosité pour faire le plein de visiteurs, pour faire découvrir ce patrimoine classé au plus grand nombre… Mais ce n’est hélas, pas toujours suffisant face à la réalité cruelle de leur trésorerie… Et nombre d’entre eux peines à l’entretien du quotidien. Mais là où l’affaire ce corse, c’est lorsque vient le temps des grands travaux.

Je ne parlerai pas ici des difficultés de la ville de Nancy à finaliser les opérations de nettoyage de balustrades de la célèbre Place Stanislas, du fait du désengagement du Conseil Départemental de Meurthe et Moselle qui se chiffre en milliers d’euros… je ne parlerai guère plus des travaux de rénovation et d’agrandissement du Musée Lorrain dans lesquels la région Lorraine et du Conseil Départemental de Meurthe et Moselle (encore) qui refusent par opposition électorales de mettre la main à la poche quand l’état a reconnu de son coté l’utilité publique du chantier… Non, je parlerai d’un cas plus dramatique encore… celui du château d’Haroué.

Un démantèlement lent mais durable dans le temps

Alors que les défenseurs du patrimoine attendent en vain depuis des années une loi qui permettrait de protéger le mobilier historique in situ, le dépeçage des grandes demeures françaises se poursuit dans l’indifférence générale. Car après avoir dépecé les jardins de nombreux châteaux qui ont été revendus en terrains constructibles (on citera comme plus emblématique, l’opération survenue aux abords du Château de Dampierre dans les Yveniles en 2013), de nombreux propriétaires ne parviennent plus à faire face aux grands travaux (Toitures, Façades, Menuiseries Extérieurs, Aménagements pour répondre aux nouvelles normes d’accueil du public ou encore des personnes à mobilité réduite…) et en sont contraints à brader le mobilier. On citera notamment dans la liste des longues victimes du désengagement des collectivités locales : les châteaux de Thoiry (1988), de Louveciennes (1995), de Breteuil (2011) ou de Dampierre (2013), Le château de Rochambeau dans le Loir-et-Cher (2004), la vente des boiseries du château de Millemont (1990 à 1995) dans les Yveniles, le château de Voré dans l’Orne (1997 & 2001) ou encore le château de La Roche-Guyon (1985) dont le mobilier du Grand Salon et les ouvrages de la bibliothèque seront vendus aux enchères. Même le célèbre château de Vaux-le-Vicomte en Seine-et-Marne est touché en 2004 avec la vente d’un Bureau estampillé Gaspard Teuné du XVIII° siècle ou encore le Billard d’Henri Dasson qui trônait au centre du Salon d’Hercule.

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Si je réagi aujourd’hui, c’est parce que d’autres joyaux sont aujourd’hui menacés.

Ce 15 juin à Drouot seront en effet vendus de nombreux objets provenant du château d’Haroué en Lorraine, le produit de la vente devant servir à restaurer le château qui est, comme l’explique elle même la Princesse Minnie de Beauvau-Craon « de la taille des châteaux de la Loire mais ne reçoit pas autant de visiteurs ».

Le problème principal étant que ce n’est pas la première fois que du mobilier d’Haroué est mis en vente. J’aimerai que l’on m’explique comment un château en passe de devenir une coquille vide pourra-t-il augmenter sa fréquentation ? C’est l’inverse qui risque de se produire, si cela continue comme cela. On aura certes des toitures neuves, une façade flambant neuve… et rien à visiter à l’intérieur. Car si les choses continuent à se rythme, faute de visiteurs et sans plus rien à vendre, dans quelques années, comment ce château pourra-t-il continuer à être restauré ? Vendre ce qui représente un élément essentiel pour l’histoire du monument et par la même occasion un de ses attraits touristiques majeurs n’est en aucune façon une solution pour le pérenniser. Cela ne fait, au contraire, qu’accélérer sa perte.

Loin de moi la volonté ici d’accabler la propriétaire de lieux que je rêve moi même de visiter (ce que je n’ai jamais fait alors que je suis originaire du coin) car on imagine les difficultés auxquelles elle doit faire face, même si on peut imaginer ses ancêtres se retournant dans leur tombe. On peut, en revanche, dénoncer une fois de plus l’indifférence de l’État et surtout son absence totale de politique dans ce domaine, si ce n’est la préparation d’un projet de loi sans arrêt repoussé et qui, quoi qu’il en soit, ne résoudrait pas grand-chose dans ce cas précis, puisqu’il prévoit pour le classement d’un ensemble in situ l’accord du propriétaire, évidemment impossible à obtenir quand celui-ci souhaite vendre.

C’est notre patrimoine Lorrains qui est menacé de dispersion à travers le monde, car les objets vendus, à l’exception de l’épée, ont obtenu leur certificat d’exportation il y a plusieurs années. L’épée sera-t-elle classée trésor national ? Nous n’en savons rien. Mais quand bien même quelques objets pourraient être acquis par des musées, cela ne résoudrait pas la question de la conservation sur place du patrimoine qui existe à l’intérieur même des châteaux ouverts au public.

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Que font les collectivités locales ?

Que fait la région lorraine en terme de patrimoine ? Que compte faire le Conseil Départemental de Meurthe et Moselle face à cette vente du mobilier du château d’Haroué qui est l’un de ceux qui accueille le plus de visiteurs après Lunéville ? Ont-ils oublié le rôle primordial de Marc de Beauvau qui a été chargé de négocier et d’organiser le mariage du duc François, dès lors grand-duc de Toscane, avec l’archiduchesse Marie-Thérèse d’Autriche, conclu le 12 février 1736 au terme d’arrangements dynastiques qui amènent le rattachement de la Lorraine à la France. Signature qui mènera plus tard en 1737 à la venue du bon Roi Stanislas à Nancy ?

Tout cela est désolant, mais ne semble pas du tout gêner la ministre de la Culture qui se scandalise pourtant d’un rien et ne se prive généralement pas de le faire savoir.

Guère plus les présidents de la Région Lorraine ou du Département ne semblent pas s’émouvoir ou s’intéresser un temps soit peu au sujet. Ne peuvent-ils pas mobiliser des subventions exceptionnelles Ne pourrait-ils pas, à défaut de dons d’argent direct, racheter l’ensemble et le confier aux maîtres des lieux pour exposition et mettre en place un remboursement sur plusieurs années ?

Laisser notre patrimoine partir à l’étranger, être vendu pour rénover un bout de toit c’est laisser mourir le tourisme en Lorraine et par extension menacer les métiers de l’hôtellerie et de la restauration.

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